Écharmaux
(Aux-)
Propières
Lieu-dit
cité dans le cadastre de 1825, au sud de Bois
Botton,
à proximité du col des Écharmeaux
et de la commune de Belleroche où il se prolonge par le
lieu-dit Les
Petits Écharmeaux.
Ce nom est bien sûr un rappel du nom du col voisin. Écharmaux,
ou Écharmeaux,
peut avoir deux origines différentes 1. Il s'agit soit
d'un dérivé du latin carpinem,
nom d'arbre qui a donné notre charme,
2. soit d'un dérivé du latin populaire calmis,
d'origine préceltique, utilisé par les Néolithiques
(4000-3000 avant J.C., dans notre région) pour nommer les
hauteurs incultes et les plateaux dotés d'une pauvre végétation
(taillis, broussailles ou surfaces herbues), visibles ou accessibles
à partir de leurs habitats et qui servaient de pâturages.
Étant donné d'une part le type de végétation
de ce col dont le charme, qui vient sur les sols riches et évite
les sols acides et les hauteurs, n'est pas l'arbre caractéristique,
étant donné d'autre part l'aspect géographique
et géologique de ce col et de sa région immédiate,
on préférera la seconde origine calmis.
D'autant plus que dans le franco-provençal du Rhône
le nom du charme est le charpe,
comme
le montrent les patronymes Charpin
et
Charpenet
qui
en sont dérivés, ou plus couramment le
charne
(Vurpas/Michel, p.141) : on a par exemple Le
Charnay
à Monsols et Le
Charne
à Saint-Igny-de-Vers.
On
attendrait donc plutôt une forme telle que 'Echarnaux'
ou 'Echarpaux'.
La
forme primitive de Écharmaux
devait
être le dérivé les
charmels,
passé à les
charmaus
pour désigner peut-être des pâturages sur ces
hauteurs incultes. A la suite d'une fausse coupure entre l‘article
et le nom, qui est un phénomène fréquent,
les
charmaus
a été compris l'écharmaus
avec
une partie de l'article agglutinée au nom ;
plus tard on a vu dans l'écharmaus
une faute grammaticale et on a rétabli un article pluriel,
d'où les
écharmaus,
puis les
écharmeaux dans
la graphie moderne.
La
différence de la première syllabe, chau-
et
char-,
dans les deux noms de même origine Chaumont
et Écharmeaux,
provient dans Écharmeaux
d'un phénomène phonétique propre au franco-provençal
comme dans Arbuissonas.
Voir
Chaumont.
Échères
(Les -)
Propières
1825
: Échères.
Lieu-dit situé sur la route qui conduit du bourg de Propières
à la Croix d'Ajoux. L'ancienne forme était Léchères,
dérivée du germanique lisca,
la
laîche,
plante coupante des marais appelée « iris d'eau »
(Vurpas.Michel, p.154) et dans le dialecte régional les
reûtses.
Les Léchères
sont donc les lieux humides recouverts de laîches.
Écluses
(Les -)
Propières
Voir
Bois
des Écluses.
Fabrique
(La -)
Saint-Igny-de-Vers
Lieu-dit
situé à l'extrémité méridionale
de la commune avant d'arriver à La
Chirette,
non loin de Le
Grand Moulin.
Nom récent donné à l'usine de tissage construite
sur le lieu-dit anciennement nommé "Les
Tuileries",
Les
Tuyères
dans le parler local.
Farge
(La -)
[la
fartse]
Propières
873
: Fabricas.
953 : Fargias.
1825 : La
Farges.
Ce
nom est issu du latin fabrica
ou plutôt de son pluriel fabricas
qui désignait des forges. Il est fort probable que ces
forges aient été en activité dès l'époque
gallo-romaine. La forme Farges,
elle, date du X° siècle.
Farges
doit donc son nom à la présence très ancienne
de forges où l'on fondait et travaillait le fer et certainement
d'autres métaux extraits des mines de Propières,
tel le plomb argentifère. Généralement les
farges
étaient créées près d'une mine ; la
mine de Propières, située entre La Chapelle et Les
Bois, a été creusée à 1500 mètres
environ au sud de La
Farge.
Au
sujet du château de La
Farge
et de ses seigneurs, voir Comby (pp.97-102).
Fonds
Carrés (Les -)
Propières
Ce
peut être le lieu où fut construite une maison forte
; car selon l'abbé Comby «les
maisons fortes étaient de grosses fermes, dont les bâtiments
étaient rangés en carré…et contenaient
d'un côté les logements d'un fermier, et de l'autre
côté le logement du seigneur »
(p.48), et plus loin « La
maison-forte était la maison d'une ferme ou domaine que
l'on avait fortifiée. Cette maison formait un grand carré
» (p.72). S'agissait-il d'une maison forte des seigneurs
de Propières ? Peut-être. Les
Fonds Carrés
peuvent également désigner des fonds, c'est-à-dire
des dépendances d'un domaine (terres, bois, etc.) dont
les clôtures épousent la forme de carrés.
Forêt
(La -)
Propières
Lieu-dit
situé près de Saint-Igny-de-Vers, à l'ouest
de la Madone de Verbin, près du lieu-dit Les
Moules.
Le mot forêt
est un terme de droit médiéval dont la première
mention date de 648 selon Chaume. Mais il n'a été
diffusé qu'au IX° siècle, à l'époque
carolingienne ; il désignait alors la forêt royale
: c'était un grand bois de haute futaie réservé
aux seigneurs pour la chasse. Par la suite certaines de ces forêts
ont fait partie du domaine privé ; mais le roi s'en réservait
toujours le contrôle. Les paysans n'avaient le droit d'y
pénétrer ni pour le pâturage, ni pour le ramassage
du bois. Dans les lieux-dits, le terme forêt
désigne généralement un hameau où
il n'y a plus trace de bois (ce qui n'est pas le cas ici) : il
s'agit d'un témoin intéressant qui nous dit que
dans le Haut Moyen Age et plus tard, il y avait là un bois
réservé au maître ou seigneur. Le terme forêt,
d'origine latine, n'appartient pas au dialecte proprement dit
; il n'est pas importé directement du français non
plus où il désigne un bois de grande dimension ;
c'est un mot entré dans les parlers locaux à partir
du langage savant et juridique des maîtres, c'est-à-dire
du monde féodal, dès le Haut Moyen Âge.
Foussot
Propières
Ce
lieu-dit qui apparaît sur le cadastre de 1825 était
situé entre Les
Fonds Carrés
et le 'village
de
La
Molière'
au niveau de la route D10 actuelle.
Nom dérivé du latin fossa,
la
fosse, le fossé,
construit avec un suffixe diminutif (=ot).
Le Foussot
désignait un petit vallon creux ou un petit canal ; ici
le vallon creux qui longe l'ouest de la route actuelle.
Ce
nom est à l'origine de Foussemagne
qui désigne, à l'est de la Croix d'Ajoux, un grand
(= magne)
vallon creux (=fousse),
le vallon creusé par le ruisseau L'Azergues.
Ce Foussemagne
a donné son nom à une famille de Propières
dont le nom, Foussemagne
ou Foucimagne,
est cité en 1402 (Comby, p.74).
Foussemagne
(En -)
Propières
Longe
le ruisseau L'Azergues à l'est de la Croix d'Ajoux.
Voir
Foussot.
Gardette
(La -)
Propières
1825
: Lagardette.
La
Gardette
est un ancien pourpris ecclésiastique du XI° siècle.
Les clercs généralement n'avaient ni le pouvoir
ni la possibilité de protéger certains de leurs
domaines. Ils se voyaient alors contraints de faire appel à
la puissance du seigneur qui, en échange, levait des taxes
sur les hommes de l'établissement ecclésiastique
(Duby, p.221). Ce contrat était dit contrat
de garde
(du germanique wuarda),
d'où les nombreux La
Garde,
dont l'un se trouve
à
Saint-Clément-de-Vers par exemple, et La
Gardette
qui est une Garde
de petite dimension. Cette Garde
pouvait être également la protection du château
seigneurial par des vassaux.
«
Beaucoup
de gens vers 1500 portaient aussi le nom du village de La Gardette.
Ainsi Jean de La Gardette afferme les dîmes en 1483 ; Mathieu
de La Gardette les afferme en 1488. Michel de La Gardette habitait
ce village en 1491, et il y avait de grands biens. Voilà
déjà trois familles, certainement aisées,
qui habitaient La Gardette avant l'an 1500.
» (Comby, p.107).
Garnier
(Village -)
Azolette
1825
: Prés
Garnier.
Village
Garnier
est situé au sud-ouest d'Azolette. Ce village doit son
nom à une famille Garnier
dont il est fait mention en 1666 à Propières (Comby,
p.210). Le nom Garnier
dérive du nom d'homme germanique Warnerius,
le
gardien,
attesté au IX° siècle.
Voir
Gardette
(La -).
Grand
Moulin (Le -)
[gran
molan]
Propières
Situé
le long du Sornin entre Le
Briday
et La
Chirette.
Le
Grand Moulin
apparaît sur le cadastre de 1825 et apparaissait également
sur la carte de Cassini au XVIII° siècle. Pourtant
sur cette carte il n'est pas indiqué comme moulin ; de
même il existe un lieu-dit Le
Grand Moulin
sur le Botoret à Chauffailles, qui n'est pas davantage
indiqué comme moulin sur la carte de Cassini ! C'est dire
l'ancienneté de ces moulins. Le
Grand Moulin
ne conserve rien d'un moulin, mais il est situé sous un
ancien bief alimenté par une retenue d'eau du Sornin, toute
proche, et il est longé par un ruisseau affluent du Sornin.
Il s'agit donc bien d'un ancien moulin à eau.
Les
moulins à eau ne servaient pas tous à actionner
les scieries, comme c'était le cas au Bois
des Écluses
; cet ancien moulin était une meunerie. Ces moulins voient
le jour au IX° siècle et se multiplient au XII°
siècle sous l'autorité des seigneurs, en effet :
« L'installation
d'un moulin constituait…une entreprise délicate
et coûteuse : l'aménagement des biefs, le transport,
la taille, la mise en place des pierres meulières imposaient
de lourds investissements et l'entretien des mécanismes
d'entraînement nécessitait aussi des dépenses
régulières.
» (Duby, p.667). On comprend dès lors pourquoi ces
moulins se sont développés dans les grands domaines
; ces moulins étaient à la disposition des exploitations
paysannes moyennant le versement d'une redevance en nature ; ces
redevances accroissaient fortement les recettes domaniales.
Les
premiers moulins à eau sont des moulins à roue horizontale
; ils ne nécessitent pas une alimentation abondante en
eau: un simple courant dans un bief alimenté par un ruisseau
ou une réserve suffit à mettre en mouvement la meule
(la
moule)
courante. Mais la farine produite est grossière. Se développent
alors dès le XII° siècle des moulins à
roue verticale munie de godets ou auges situés au-dessous
du fil de l'eau qui agit par gravité ; cette roue motrice
met en marche un arbre qui transmet le mouvement à
des engrenages agissant sur la meule tournante ; ce type de moulin
permettait d'obtenir une farine fine et certaines meules une farine
blanche. Ces moulins étaient dits moulins
à blanc
ou moulins
blancs
(Lachiver, p.1171). On peut penser que le Grand
Moulin
était un moulin évolué de ce type, d'où
l'adjectif Grand
; mais il est également possible que l'adjectif Grand
soit une interprétation tardive de blanc
dans moulin
blanc,
devenu moulin
grand,
puis Grand
Moulin.
Voir
Bois
des Écluses.
Grandes
Terres
Azolette
Situées
près du bourg d'Azolette sur le cadastre de 1825. Ce nom
s'oppose aux Terres
Longues
que l'on rencontre fréquemment dans les lieux-dits. Les
Terres Longues,
Longes
ou
Longeagnes
étaient des terres étroites et longues, dites laniérées,
qui formaient des soles à l'époque où l'on
pratiquait la jachère. A la fin de la pratique de la jachère,
toutes ces Longes
étaient réunies et formaient les Grandes
Terres
où l'on cultivait de façon extensive le même
produit.
Grandes
Verchères
Azolette
Situées
près de Chatillon sur le cadastre de 1825. La Verchère,
dont la forme dialectale exacte est la vertsire,
est un mot d'origine gauloise qui désigne la terre qu'on
retourne, une terre rendue à la culture par le labour;
la vertsire,
située à proximité de l'habitation, est une
terre fertile, parce qu'elle reçoit la fumure des petits
animaux de la ferme, où le paysan faisait venir les légumes
difficiles : c'était une sorte de verger. Selon le droit
germanique franc, la vertsire
revenait de droit à l'épouse. Verchère
est en fin de compte un terme local qui n'a pas d'équivalent
en français. La
Verchère
est habituellement une terre de petite dimension. La forme Grande
verchère
avec l'adjonction de l'adjectif peut recevoir deux explications:
1. La précision Grandes
Verchères
pouvait faire allusion à des vergers appartenant à
un seigneur ou à un riche propriétaire dont la taille
pouvait étonner le petit paysan. 2.Les
Grandes Verchères
étaient peut-être des terres cultivées jadis
par les Gaulois après les grands défrichements;
ces vastes terres cultivées, les
verchères,
ont pu laisser leur nom à certains lieux-dits qui ont mérité
plus tard le qualificatif qui les distingue.
Henrieux
(Les -)
Propières
Les
Henrieux,
comme Les
Andrés, Les Jolivets,
etc., est le nom d'une famille. Ce nom, qui est une variante d'Henri,
est d'origine germanique : il dérive de
Henricus,
attesté dès 776.
Voir
Andrés
(Les-).
Jolivets
(Les -) [chi
joleve]
Propières
1825
: En
Jolivet.
Plusieurs membres de la famille Jolivet
apparaissent parmi les habitants de Propières au XV°
siècle. Ce nom est un diminutif de joli,
avec le sens de joyeux
ou amoureux.
Joliver
au XIII° siècle signifiait se
divertir.
Voir
Les
Andrés.
Lapierre
Azolette
Lieu-dit
situé au sud d'Azolette, à la limite de Belleroche
; il s'agit d'un nom de famille très fréquent (Belleroche,
Saint-Igny-de-Vers, Monsols, etc.) ; ce patronyme dérive
du nom d'un lieu pierreux alors nommé La
Pierre.
Luisant
Propières
Ce
lieu-dit apparaît sur le cadastre de 1825, à l'ouest
du village Botton. Luisant
est une interprétation erronée du patronyme Luizin
; Luizin
est un diminutif de Louis
et non, comme Luisant,
un dérivé du verbe luire.
Selon
l'abbé Comby (p.197) un Nicolas Luizin
vit à Propières en 1463 ; plus tard en 1689 la famille
Luizin
laisse son nom à divers lieux de cette zone : on a alors
une terre, un pré et des gourds Luizin.
Madone
de Verbin
Propières,
Saint-Clément-de-Vers
1825
: Verbain
;
à Saint-Clément-de-Vers : Verbin.
Sur le cadastre n'apparaît que le lieu-dit Verbain
ou Verbin
; sur la carte de Cassini au XVIII° siècle n'apparaissent
ni Verbin,
ni la Madone
de Verbin.
On
trouve dans la région les lieux-dits Vers
Bost
(Saint-Bonnet-de-Cray) ainsi que Vertbois
qui n'est qu'une réfection savante de Vers
Bost.
On rencontre également des formes telles que Verbunt
dans lesquelles se sont croisées les prononciations dialectales
bos,
bou
et beû
pour 'bois'. Tous ces noms, ainsi que Verbin,
sont formés de Vers,
issu du latin versus
qui indique la direction et d'un terme bin
dérivé de bois.
Verbin
, Vers
Bost,
etc. signifient donc Vers
le Bois.
La
Madone
de Verbin
est une grotte avec une statue de la Vierge qui se veut une copie
de la grotte de Lourdes. Ce lieu de piété est donc
relativement récent. Les fidèles s'y rendent en
pèlerinage le 15 août.