Histoire
de l’église primitive d’Azolette liée
à la Vicomté du Mâconnais
par
Jean Mortamet
Au
début du XIIe siècle, les Vicomtes du Mâconnais,
craignant une incursion de la Maison de Beaujeu, protégent
au Sud leur capitale, Dun, d’un point faible sur l’Iter
Publicum côté océanique, près des Echarmeaux,
en aménageant une Maison forte sur le mamelon, au Nord
d’Azoles (photo
1).
Autour de cette tête de pont, verrou du ruisseau Haut-Mussy,
quelques serfs sont fixés dans des manses pour nourrir
la garnison.
photo
1
Cette
population, avec les habitants du domaine d’Azoles, devient
suffisante pour justifier la construction d’une petite église
primitive. Cette dernière est confiée à l’abbaye
Bénédictine de Saint Rigaud d’Avaize, nouvellement
fondée en 1071 sur la paroisse de Ligny-en-Brionnais et
totalement «sponsorisée» par la famille Leblanc,
Vicomtes du Mâconnais (il ne faut pas confondre cette abbaye
avec le prieuré de Saint Loup au sommet du mont Saint-Rigaud
qui dépend de Cluny). L’abbaye, ayant en charge cette
paroisse, nomme à la cure d’Azolette jusqu’à
la Révolution.
Azolette
devient ainsi paroisse du Mâconnais au début du XIIe
siècle et l'existence de l’église est authentifiée
par une importante transaction, le jour de Pentecôte 1138
(voir le site internet "Azolette" : partie Azolette
au Moyen-âge, chapitre II à VI : http://azolette.com/1000ans_fichiers/lanmille.htm).
A
la chute de Dun (1180), Philippe Auguste rejoint aussitôt
Melun, en passant par Charlieu, au chevet de son père mourant,
Louis VII. Tous les soldats et serfs liés à la maison
forte d’Azolette disparaissent dans la nature après
la chute des Leblanc, épargnant ainsi celle-ci. Il ne reste
plus à Azolette, que le curé, qui, à l'instar
de celui de Dun, continue sa mission sous l’autorité
du seigneur de Beaujeu qui remplace le Vicomte du Mâconnais.
En ce temps là,
l'abbé de l’abbaye de St Rigaud souffrait de l’hégémonie
des Bénédictins de Cluny, grands gagnants avec Philippe-Auguste
de la chute de Dun. Ceux-ci font supporter à l’abbaye
de St Rigaud, chargée du spirituel à Dun comme à
Azolette, la responsabilité de la barbarie du Vicomte Artaud
III et ils critiquent la vie monastique de Saint-Rigaud trop austère
face au libéralisme de Cluny découlant de sa réussite.
Saint-Rigaud
trouve la confraternité qui lui manque en Mâconnais
auprès des Bénédictins du diocèse
de Lyon. Dès le début du XIIIe siècle, des
échanges importants s’établissent entre St
Rigaud et l’abbaye Bénédictine de l’Ile-Barbe,
toutes deux ayant la même exigence sur l’esprit monastique.
Pour
aller d’une abbaye à l’autre, on empruntait
près de l’abbaye de St Rigaud l’Iter Publicum,
puis en passant par Azolette, Belleville, on joignait la Saône
jusqu’à Villefranche, pour faire étape à
Joug-Dieu (abbaye bénédictine créée
par et pour la famille des sires de Beaujeu), avant d’atteindre
l’ile-Barbe, en descendant la Saône jusqu’à
Lyon.
Or
Joug-Dieu, riche de toutes les donations apportées aux
Beaujeu, dont elle dépendait, désire s'étendre
ailleurs qu'en bord de Saône, soumis à de fréquentes
inondations. Azolette, en bord du Haut- Mussy, ne court pas ce
risque.
Tout pousse donc à
ce rapprochement qui est accordé par Humbert V, seigneur
de Beaujeu, qui vend à l’Abbé de Joug-Dieu,
la suzeraineté complète sur Azolette avec les trois
justices correspondantes.
À
partir de 1234, la paroisse d’Azolette est dirigée
pendant plus de cinq siècles temporellement et spirituellement
par deux abbayes bénédictines. Ses limites paroissiales
immuables sont représentées sur la carte de Cassini
(voir photo
2),
reconnues par toutes les administrations du Royaume comme «
Enclave Mâconnaise ».
photo
2
Rappelons
qu’Azolette est aussi la seule paroisse fondée par
les Vicomtes du Mâconnais, donc pouvant revendiquer sa filiation
originale de « fille de Dun »
Le
talus de protection de l'église primitive avec son bel
appareil de pierres, mis en place il y a 1000 ans, demeure encore
visible autour de la grange (*) qui a remplacé l’église
primitive. Celle-ci est reconstruite dans son lieu actuel, au
XVIe siècle, à une centaine de mètres à
l’Ouest.
(*)
Grange du hameau"les Nivières" où se trouve
actuellement le laboratoire de la fromagerie.
|