Vers
la naissance de Propières
Guichard
III, sire de Beaujeu, face à l'extension de la vicomté
Mâconnaise, réalise autour de Dun entre 1115 et 1120
simultanément :
•
un château
fort à Belleroche,
• une
tour à Azole,
• une
maison forte à La Farge en transformant l'alleu disponible
d’un particulier en fief pour un de ses conseillers
Ses
«
conquêtes
»
pacifiques donneront naissance à l'amorce de Propières.
Utilisation
du droit d'accueil
Pour organiser sa défense, Guichard III utilise le droit
« d’être reçus et accueillis, lui
et quelques compagnons d’armes, dans des lieux dépendants
de l’abbaye mais sans y rester plus d’un repas comme
le veut le bon usage, contre l’engagement de protéger
et défendre les biens de Cluny », droit accordé
par Hugues, abbé de Cluny. Ce droit ne fut pas accordé
par Hugues de gaité de cœur à Guichard III,
mais par raison, car de tous les roitelets qui gravitaient autour
de Cluny, le sire de Beaujeu était le plus influent et
le moins barbare.
Les deux
domaines donnés à Cluny en l’an mil, comme
expliqué dans le document Iter
publicum, furent fortifiés par Guichard III pour les
défendre contre toute attaque éventuelle provenant
de la vicomté Mâconnaise, à savoir :
•
Dans
le domaine de la chapelle, celle-ci fut entourée d'un château
fort permettant, en contrôlant l’Iter publicum et
la vallée du Botoret, d’avoir autorité sur
tout ce qui venait de l’Ouest au niveau de la Loire ou au
delà. Ce château fort sera occupé par les
seigneurs de Belleroche (les de Marzè puis les de Nagu)
jusqu’au milieu du XVIe siècle.
•
Sur le second domaine d'Azole, face à
la maison forte d’Azolette contrôlant la vallée
du Mussy, une Tour fut érigée en prévôté
par Guichard III et donnée à la famille des Marchampt.
Elle constitue désormais l'amorce du fief de la Tour, cœur
de notre étude sur Propières ; son embase est encore
visible actuellement (photo 1).
photo
1
Fief
de La Farge
La maison
forte de la Farge est construite autour de 1119 (date inscrite
sur le linteau d’une ouverture existant encore actuellement).
Guichard III
ne pouvant passer par le Haut-Sornin trop inhospitalier, utilise
une route secondaire, à l’angle Sud/Est du massif
du Saint-Rigaud, par le col de Champ-Juin. Cette route était
utilisée essentiellement pour le transport du vin entre
Beaujeu et le port de Digoin sur la Loire, à destination
de Paris, car le passage actuel par le Haut-Sornin présentait
une rampe trop forte pour les charrois de l'époque.
Du col de
Champ-Juin, une route à l’Ouest descend sur Ajoux
puis empruntant le col de l’Horme, arrive à une plateforme
permettant de surveiller le Sornin de Propières jusqu’au
Sornin d’Aigueperse. Cette plateforme achetée franc
d’alleu par Guichard III fut couverte d'une maison forte
et remise en fief à la famille Marchampt : c'est aussi
l'amorce du fief de La Farge.
Vers 1137, le château fort de Chevagny le Lombard, défense
de Dun à l'Est, fut «
engagé »
par Archimbaud
III, Vicomte du Mâconnais, auprès de Guichard III
pour couvrir les frais de son pèlerinage en fin de vie.
Il n'y avait donc plus aucun risque à craindre des vicomtes
du Mâconnais devenus feudataires de Guichard III du fait
de leur «
engagement »
pour le chateau
fort de Chevigny le Lombard. La maison forte de la Farge, après
les Marchampt, désignés les premiers, par Guichard
III, sera gérée par de nombreux successeurs que
nous aurons l’occasion d’étudier ultérieurement
et qui transformèrent la maison forte en chateau de résidence.
L’ensemble
des éléments défensifs est représenté
sur la photo 2.
photo
2
en
rouge : éléments défensifs de la Vicomté
;
en blanc : riposte défensive du Sire de
Beaujeu
Fin
mouvementée de Guichard III
Guichard III,
vers la fin de sa vie, faisant un retour sur lui-même, cherche
dans la retraite, la paix et la tranquillité dernière.
Il ne part pas en croisade comme tous les autres nobles, car il
avait trop vécu sur « le dos » de ces croisés
qui partaient en fin de vie, sans retour, pour accepter d'être
dépouillé comme eux, selon cette sainte et héroïque
folie de la féodalité de son siécle, base
de son énorme enrichissement.
En fin politique,
il use de ses relations et devient, vers 1134, moine à
Cluny. Son fils Humbert III, âgé de 20 ans, le remplace.
Celui-ci, encore trop jeune, commet des erreurs qui amènent
les voisins à essayer de récupérer les biens
conquis par son père. Le vieillard doit sortir de Cluny,
reprendre les armes, reconquérir les terrains abandonnés
par son fils puis retourner à Cluny pour y finir ses jours
(+1137).
Le vicomte
Archimbaud III (vicomté du Mâconnais) était
à la tête des frondeurs. Il est reconnu coupable,
condamné comme feudataire du sir de Beaujeu et contraint
de partir à Jérusalem (1137) pour se faire pardonner
et il ne revint jamais.
Ainsi, le
futur Propières est créé virtuellement, sans
combat, au Sud de la ligne joignant les trois secteurs défensifs
renforcés : le chateau fort de Belleroche / la tour
d'Azole / la Maison forte de la Farge, correspondant au massif
de la Roche d'Ajoux qui passe aux mains du Beaujolais (voir photo
3).
photo
3
en
rose : limites communales actuelles ;
en jaune : représentation de la séparation
entre la Maison de Beaujeu et la Vicomté du Mâconnais,
vers 1125
Pour la première
fois, les sirs de Beaujeu ont franchi, pacifiquement, le Massif
du Saint-Rigaud. Il y resteront définitivement, bénéficiant
de tous les biens propres de la famille Le Blanc, engagés
auprés des Beaujeu, lorsqu'ils disparurent après
la chute de Dun en 1180.
« À
cette date seulement, comme l'écrit l'historien Billiet,
Beaujeu est arrivé pacifiquement à dominer Dun ».
Jean
Mortamet
|