La
Religion des seigneurs au début du Moyen-Âge
À
la fin du onzième et au début du douzième
siècle, la religion se résume au rachat des péchés.
Les
seigneurs encore barbares « sponsorisent » les moines
pour qu’ils prient pour eux. Ce
sera la naissance des abbayes « Saint-Rigaud »
pour les le BLANC et « Joug-Dieu » pour les Beaujeu
Les seigneurs
et chevaliers sont préoccupés par le salut de leur
âme, effrayés par les représentations de la
justice divine sculptée au tympan des églises, de
plus en plus nombreuses au XIe siècle, symbolisées
par la grande balance pesant les œuvres de chacun, les bonnes
comme les mauvaises.
Ils savent
que seule la prière peut charger le plateau opposé
à leurs péchés et permettre au fléau
de la grande balance de revenir horizontal. Cette prière
doit être agréable à Dieu, donc dite par ceux
dont c’est la mission: les moines.
Les seigneurs
participent donc volontiers à la création et à
l'entretien des prieurés ou abbayes, selon leur richesse.
En échange,
les moines prient pour la famille du seigneur, tant pour les âmes
des ancêtres non encore au paradis que pour le futur repos
des âmes des descendants.
Pour faire pencher le plateau favorablement, il suffirait, à
la fin de leur vie, le plus tard possible, de réaliser
l’un des trois pèlerinages : Rome, Jérusalem,
Saint Jacques de Compostelle, sans oublier de remettre aux moines
et à l’évêque les dons en nature ou
tarifés qui permettront en fin de pèlerinage d’absoudre
tous les péchés.
Au onzième
siècle, avec le développement de la Vicomté
impulsé par les Le Blanc, les seigneurs sont les «sponsors»
de la fondation de l’abbaye de Saint Rigaud d’Avaize.
Le vénérable Eustorge, moine venant de l’abbaye
Saint Austremoine d’Issoire (43), s’installe en Brionnais,
dans la forêt d’Avaize où il vit en ermite.
Il rassemble de nombreux disciples et fonde en 1065 un prieuré
qui est confirmé très rapidement en abbaye en 1071
par le pape Alexandre II. Eustorge en est le premier abbé.
La fondation
de l’abbaye de Saint Rigaud, proche de Chateauneuf, comme
le montre le dessin (voir photo
1), est financée essentiellement par Artaud
Le Blanc, frère du Vicomte.
photo 1
Or, à
Châteauneuf, se trouve le Château–fort le Banchet,
résidence secondaire des le Blanc, qui la préfèrent
à l’austérité de Dun.
Des liens se tissent
entre les le Blanc et l'abbaye de Saint Rigaud qui assure la vie
spirituelle des paroisses crées par la Maison le Blanc.
L'église d'Azolette reste sous le patronage de l'abbaye
de Saint Rigaud jusqu'à la Révolution .
De nos jours,
plus aucun élément de cette abbaye n’est visible.
Elle a été démolie à la Révolution,
il n'en reste qu'un lieu-dit rappelant Saint Rigaud, au bord de
la route (D8) reliant Saint Maurice-lès-Châteauneuf
à Ligny-en-Brionnais.
Quelques
années plus tard, au début du douzième siècle,
Guichard III de la famille des Beaujeu décide en 1115 de
fonder sur ses terres un monastère bien à lui qu’il
se plaira à doter et entretenir, pour assurer le rachat
de son âme et de celle des membres de sa famille. En échange,
les moines devront prier et célébrer certains offices
et anniversaires pour le fondateur et sa famille.
Une fois le
projet conçu, Guichard III installe dans sa villa (sa résidence
secondaire, dirait on maintenant), à OUILLY (69) prês
de la Saône à coté de Villefranche, les six
premiers bénédictins venant de l’abbaye de
Tiron, du diocèse de Chartres (voir photo
2).
photo
2
Les religieux affluent
et amènent l’abbé de Tiron à ériger
en 1137 cette villa en abbaye sous le nom de « Joug-Dieu
».
Exactement un siècle
plus tard, comme nous le verrons plus loin, l'abbé de cette
abbaye devient également le seigneur d’Azolette,
et cela pendant plus de cinq siècles.
Jean
Mortamet
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