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L'ITER
PUBLICUM (suite et fin)
Dans
un premier document consacré à l’Iter Publicum,
nous avons expliqué l’importance de cette voie, équivalente
à une autoroute actuelle, utilisée bien avant l’époque
romaine jusqu’après la Révolution. Par ce
complément, nous nous attacherons à décrire
la spécificité d’une voie antique en moyenne
montagne.
Les
caractéristiques de ce type de voie sont :
-
Dans le cas d’un Iter, voie unique rectiligne pour avoir
la visibilité maximale, et les « dos d’ânes
» amortis pour la même raison. Nous avons un aperçu
de la voie de circulation (photo
1)
dont les lettres indiquent :
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photo
1 :
-
A : arbres et buissons très denses pour canaliser
les troupeaux en déplacement
-
B/C : deux pistes empierrées pour chars à
4 roues
-
D : deux pistes de pierres pour traîneaux
-
E : passage du cheval, au centre, tirant le traîneau
ou un char à 2 roues |
-
Les équidés (chevaux, ânes,…) ne sont
pas utilisés pour des efforts importants et constants
à l'instar des boeufs. Ils agissent par impulsions et
supportent difficilement dans une montée la marche à
la « queue leu leu ». Les charrois à 4 roues
sont tirés par deux boeufs liés par un joug ;
le joug, libre en rotation, est immobilisé par une clavette
à l'avant et une à l'arrière comme dans
les attelages actuels (photo
2).
- Les
bovins étaient grands, très charpentés,
étaient des grimpeurs infatigables qui supportaient de
fortes variations de température et se contentaient d’un
fourrage grossier comme alimentation. Cette race bovine issue
de l’auroch antique est l’ancêtre de la race
actuelle du Cantal : la Salers (photo
3).
photo 2
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photo 3
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-
Les charges lourdes sont transportées par charrois à
4 roues, dont les 2 roues avant sont fixes et non montées
sur un pivot rotatif. En effet, le pivot ne résisterait
pas à l’effort tranchant causé par un écart
de niveau important entre les 2 roues avant, au passage d’une
ornière. Ce type de charroi tourne difficilement.
-
Les charrois qui circulent sur des routes rectilignes, à
voie unique, demandent, en cas de fortes pentes, des aires planes
(on dirait maintenant des parkings), à la base et au
sommet des trajets, servant comme aire de repos et aire de rotation
des charrois (photo
4).
photo 4
Nous
avons indiqué sur la photo 4 l’ensemble des 4 aires
horizontales de repos et de manœuvres des charrois lourds
: en haut du Prunier (A), au mont Joly (B), à la Pierre
(C) et enfin à la Guillermière (D). C'est à
La Pierre, sur la commune d'Azolette, que l'Iter longe le Haut-Sornin.
Des
bretelles d'accès, pour reprendre le langage actuel, (en
noir) mènent depuis :
-
l’aire A : au village de Poule les Echarmeaux ou au château
de la Ronze
-
l’aire B : à l’ouest vers Thizy et Amplepuis
(GR7 actuel)
-
l’aire C :
- au Sud : à Azoles et à la Grefferie, les deux
domaines donnés par Richard à l’abbaye de
Cluny autour de l’an mil (voir document précédent)
- au Nord : à Fénier
-
l’aire D : aux villages de St-Germain-la-Montagne ou Belmont-de-la
Loire
Le
transport de marchandises lourdes exige une gare pour le fret,
pour groupage ou dégroupage des marchandises transportées
par charrois légers.
Cette gare principale était située aux Dépôts
(photo
5)
en raison de sa situation en bas de côte (photo
6)
et à la jonction du chemin menant au Col de Crie.
photo 5
Elle
a été particulièrement utilisée
pour le transport du vin en provenance du Beaujolais et
pour les marchandises acheminées par bateaux jusqu'à
Belleville depuis la Méditerranée.
Le nom "Les Dépôts" provient des
immenses dépôts de marchandises stockées,
et groupées le long d'une voie rectiligne à
l'image de nos gares de triage actuelles.
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photo 6 |
En
conclusion, si nous comparons l’ITER avec notre réseau
routier actuel, nous constatons que:
-
le col des Echarmeaux n’existe pas, donc ni route, ni
habitation n'y passe. L'Iter passe en fait par le Mont Joly
(photo
7)
ce dont témoigne la première carte géodésique,
réalisée en 1760 pour Louis XV, avant la Révolution,
par les Cassini.
photo 7
-
la voie départementale « D10 »en fond de
vallée du Sornin, vecteur commercial entre les Echarmeaux
et le Charolais via La Clayette, n’existe pas non plus.
Elle est inaugurée en 1846 (photo
8)
photo 8
-
avant cette date il y avait des liaisons E/O enjambant le Sornin
à vocation uniquement locale, mais aucune liaison S/N
en fond de vallée.
- seule
existe la voie N/S de crête, route militaire de Dun à
Beaujeu (en noir sur photo
8)
sur le plateau du Haut Mussy en rive gauche du Haut-Sornin.
Cette route militaire reliait Dun capitale de la Vicomté
du Mâconnais à Beaujeu capitale du domaine des
Sires de Beaujeu. Cette voie fut empruntée par François
1er, en 1524, qui se rendait en Italie où il fut fait
prisonnier à la bataille de Pavie. Il passa par Propières,
le col de la Croix d’Ajoux, Chénelette, puis l’Iter-Publicum
jusqu’à Belleville pour continuer par la Saône
et le Rhône jusqu’en Italie.
Depuis ce temps, cette route militaire porte le nom de «
route François1er ».
Jean
Mortamet
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