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Prieuré
d'Ajoux et Mont Saint Rigaud
Extrait
de la brochure publiée en 1923 « Le prieuré
de Saint Rigaud ou d’Ajoux »
par le chanoine Germain ODOUARD, curé de Monsols
La
Chapelle d'Ajoux
D’après le chanoine Germain ODOUARD (1923), l’existence
d’une chapelle sur le sommet d’Ajoux remonte à
la plus haute antiquité.
En 910, un sanctuaire dédié à Saint Victor
existait déjà alors que l’abbaye de Cluny
n’existait pas encore. Son possesseur, Brandicus ou Brandingus
en dispose en faveur d’un de ses parents : charte 114 du
cartulaire de Cluny (an 910 à 922) sous le règne
du roi Charles.
« Au nom de Dieu, moi Brandicus, je te donne à toi
mon parent Artauld, à cause de l’amitié et
du bon plaisir que je te porte, quelques uns des biens que je
possède dans le pagus d’Autun, savoir une chapelle
dédiée à Saint Roch et qui est appelée
in Aljoc. Je te la livre et te la transmets avec tout ce qui lui
appartient, les terres, les curtils, les vignes, prés,
forêts, cours d’eau avec les oblations des fidèles
qui s’y réunissent. »
Le titulaire de la chapelle était Saint Victor. Le titre
du primicier Saint Maurice donné à l’église
de Trades semblait nous autoriser à admettre que le vétéran
Victor, le courageux défenseur des nobles victimes de la
légion Thébéenne en 286 avait été
choisi comme titulaire de la chapelle d’Ajoux.
Une charte de l’an 1100 environ ajoute au nom de Saint Victor
celui de Sainte Courone « Nous donnons aux saints martyrs
Victor et Courone d’Ajoux un curtil ». On passe souvent
sous silence le nom de la cotitulaire mais les deux saints sont
fêtés le même jour.
Saint Victor et Sainte Courone subirent le martyr en Syrie le
même jour sous Antonin. Dans quelles circonstances nos deux
martyrs devinrent-ils patrons de la chapelle d’Ajoux ?
Mr de Charmasse montre le christianisme s’établissant
au commencement du II ème siècle à Arles,à
Vienne et à Lyon(en 177) puis à Tournus, Chalon
sur Saône et enfin à Autun.
Les Missionnaires après s’être arrêtés
à Lyon, suivirent les grandes voies romaines. Ils commencèrent
leur apostolat dès leur entrée dans le pagus des
Éduens et suivirent les chemins qui s’embranchaient
sur la grande voie romaine à Assa Paulien (Anse), à
Grelonges et à Lunna (Belleville). Ils trouvèrent
dans les vallées et les montagnes une population adonnée
au culte des idoles. Le druidisme avait rempli de mystères
les forêts, les monts et les vallées, il n’admettait
pas l’usage des temples, mais quelques pierres dressées
sur les hauts lieux lui servaient d’autel. La montagne d’Ajoux
offrait un site éminemment propice au culte des druides
puis au paganisme.
A l’arrivée des premiers apôtres, la pierre
druidique ou le temple païen fût remplacé par
un sanctuaire chrétien où les nouveaux chrétiens
se réunirent. A quelle date remonte la construction de
la chapelle d’Ajoux ?
Aux premières années du Xeme siècle la chapelle
d’Ajoux possédait des biens immeubles et certaines
ressources que lui apportaient les fidèles, cet état
de choses suppose une existence déjà ancienne. Mais
la situation de l’antique chapelle ne pouvait lui permettre
de devenir un centre d’agglomération. Les biens qu’elle
possédait, les aumônes des fidèles lui permirent
de conserver son titre de lieu de pèlerinage (invocation
à St Victor). En fait, elle est restée isolée
jusqu'à la fin du prieuré.
Le riche propriétaire d’Ajoux fut un des premiers
à entrer dans les vues du fondateur de Cluny : Guillaume
le Pieux.
Le plus ancien document concernant la chapelle d’Ajoux nous
reporte aux premières années de la fondation de
Cluny (910 à 922) : donation par Brandicus à Artauld
de la chapelle dédiée à St Victor d’Aljoc
avec tout ce qui lui appartient mais à condition toutefois
qu’après sa mort elle appartienne au monastère
de Cluny. (donation faite au mois d’avril, le roi Charles
régnant). Acte passé à Monsols dans la villa
de Moncesco ou de Muncius, cette famille s’établit
sur le sommet des Rampeaux (les Charbonniers). A cette période
la chapelle existait et la paroisse la fixa dans sa délimitation.
Le clerc qui signe après Brandicus du nom de Berauld desservait-il
la paroisse ou la chapelle ou même les deux ensemble ?
Origine
du Prieuré
Toute la durée du XIe siècle, l’église
ne cesse de condamner l’usage déplorable de donner
aux laïques des bénéfices sacrés pour
les services de courtisans ou d’hommes de guerre.
Un des grands chefs de la féodalité, Guillaume duc
d’Aquitaine avait compris la nécessité de
mettre fin à ces abus. Dans l’acte de fondation de
l’Abbaye de Cluny, il est dit « Moi Guillaume Comte
de Poitou et duc de toute l’Aquitaine, je transferts de
ma main à la main de Saint Pierre de Cluny cette église
que Dieu aidant, j’ai arrachée et affranchie de l’usurpation
laïque. Et je fais ce don parce que je me souviens de mes
péchés et parce que je veux que Dieu les oublie
».
A l’exemple de Guillaume le Pieux, Brandicus insiste comme
le fera son parent Artauld sur le motif de la donation : le soulagement
de leurs âmes et des âmes de leurs parents.
Le véritable fondateur de Cluny, Saint Odon (926-949),
comprit que pour répondre aux intentions de Guillaume le
Pieux, il devait avant tout veiller à la pratique de la
règle bénédictine.
Saint Odon conçut et réalisa avec bonheur la pensée
de réunir sous un seul chef les communautés qui
accepteraient la réforme de Cluny. Ses relations avec Artauld
déterminèrent celui-ci à exécuter
même avant sa mort les volontés de son parent Brandicus
de concert avec son épouse Hildegarde :
« Je transmets au monastère de Cluny, à perpétuité,
la chapelle dédiée à Saint Victor avec tous
les biens qui lui appartiennent. Cette chapelle est située
dans le pagus d’Autun, elle est le siège d’une
centaine et est appelée Alsgoia selon l’usage la
dite église paiera chaque année au siège
épiscopal d’Autun, quatre deniers ». Donation
faite aux calendes d’avril dans l’église même
de Saint Victor, l’an VI du règne du roi Raoul.
Dans la discipline du duché de Bourgogne, Courtépée
énumère les divisions administratives à l’époque
carolingienne. Il nous parle de la cité : Civitas du pagus
dont le district formait ordinairement celui du comté.
Ces comtés se subdivisaient en vicairies dans quelques
endroits, en d’autres en vicomtés et en centaines.
Prés de la chapelle de Saint Victor résidait donc
un centenier dont la juridiction s’étendait sur le
territoire environnant. Avait-il pris simplement la succession
du chef de poste militaire gallo-romain qui résidait au
lieu appelé « le Chatelard » et qui surveillait
le Magnum Iter ?.
Les hauts sommets Dun, Tourvéon… devenaient des centres
stratégiques et celui d’Ajoux s’échelonnait
sur le même faîte de montagnes, le fortin du Chatelard
n’avait plus de raison d’être.
Le
sommet du Mont Saint Rigaud
Document fin 18e siècle de Philippe Branche
Provenance : Archives Nationales N II Rhône 9 n°2662
Vie
du Prieuré
L’abbé de Cluny avait en main les titres de propriété
de la chapelle d’Ajoux et de ses dépendances. Ce
prieuré avait reçu un petit nombre de moines pour
administrer les biens ruraux. Le vieux sanctuaire pouvait suffire
à la célébration du culte divin, les religieux
n’avaient plus qu’a construire un modeste édifice
comprenant salle, dortoir et hôtellerie (le nom de prieuré
pour cet établissement sera transmis à travers les
siècles).
Des le début, il y eut un supérieur qui prit le
nom de prieur ayant sous son autorité quelques religieux.
Combien ?
Au 13ème siècle, il y avait le prieur et deux moines
dont un était prêtre. L’office de la nuit était
en vigueur mais obligation difficile à imposer pour trois
religieux. La messe était chantée chaque jour et
l’aumône devait être faite chaque jour.
Un siècle s’écoule pour nos moines dans la
tranquille possession du sommet d’Aljoc, mais la situation
pécuniaire n’est pas brillante. Un testament d’une
femme vient rompre la solitude ! « je donne aux saints martyrs
Victor et Courone d’Aujoux le curtil que tient Amicus de
Marciliaco (Marcilly les Buxy ?). Hugues mon mari avait déjà
donné ce curtil pour que ceux qui servent Dieu à
Aujoux puissent acheter des habits talares (soutanes)”.
Acte passé vers 1100.
L’histoire du prieuré d’Aujoux est intimement
lié à celle de l’Abbaye mère dont la
puissance civilisatrice se manifestait déjà dans
l’Europe entière.
Il faut attendre un siècle et demi pour voir le prieuré
d’Aljoc devenir définitivement Ajoux ou Aujoux.
En 1244, il se produisit de graves changements dans l’Eglise
de Cluny, Grégoire IX puis Nicolas IV prescrivent la convocation
régulière des Chapitres généraux et
la visite annuelle des monastères.
Le cartulaire de Paray le Monial nous donne une analyse sommaire
de douze visites faites au prieuré d’Ajoux : la première
en 1262 et la dernière en 1333. Il s’y trouve toujours
deux moines et un prieur, le service religieux se fait régulièrement
mais il n’en est pas de même de l’aumône
et de l’hospitalité accordées aux voyageurs.
En 1262 les bâtiments tombaient en vétusté
et ne pouvaient être réparés, les moines eux
même étaient réduits à la plus extrême
indigence. En 1268, les visiteurs ont mis ordre à cet état
de choses et l’on constate que la maison est en bon état
du point de vu spirituel et temporel. En 1298, deux moines sont
d’un caractère incompatible bien qu’ils soient
d’excellents religieux, le prieur doit placer l’un
d’eux ailleurs. En 1333, on reproche un homicide à
un frère ; le meurtrier appartenait sans doute à
une catégorie de seigneurs qui, las de guerroyer venait
chercher le repos dans le calme du cloître.
Les moines vivaient au milieu des neiges et des frimas, leur costume
devait répondre aux nécessités imposées
par le climat : une tunique ou vêtement de dessous, la robe
talare, c’est à dire, qui descendait jusqu’aux
pieds et une ceinture de cuir. En hiver , pour chanter les offices
de Matines dans la nuit, ils ajoutaient des pelisses ou peaux
de mouton et des souliers de feutre.
En 1295, le chapitre approuve l’adoucissement apporté
à la règle par l’abbé Guillaume IV,
ils purent avoir des bas de toile blanche. Le froc qui recouvrait
la tète et les épaules était d’étoffe
commune et légère.
Question nourriture, les aliments maigres constituaient le régime
habituel des moines. Ils jeûnaient une partie de l’année
avec un seul repas dans lequel on leur servait deux plats, un
de fèves et un autre de légumes. Plus tard on y
ajouta sauf le vendredi du fromage, des œufs et du poisson.
Les moines d’Aujoux pouvaient s’approvisionner au
monastère de Cluny. Ils avaient un jardin et les religieux
pouvaient au besoin se suffire.
La vie des moines se partageait entre le travail et la prière
; ils cultivaient la terre et exerçaient les métiers
nécessaire à leur entretien. Ils passaient la plus
grande partie de leur temps à la prière et à
la psalmodie. Ils surveillaient les colons chargés de faire
valoir les propriétés foncières de l’abbaye
de Cluny dont ils étaient les mandataires.
Le Bienheureux Gérard
Parmi les prieurs que Cluny nomma successivement pour diriger
le prieuré d’Ajoux, il en est un qui sans atteindre
la renommée universelle de son supérieur Saint Hugues
mérite estime, admiration et respect. Il s’appelait
Gérard selon Pierre le Vénérable. Les bénédictins
de Marcigny écrivent Girard le Vert (fin XIIe siècle),
mais tous parlent du même personnage.
Le surnom de « le Vert » a peut être eu pour
origine la couleur des armes de notre « noble chevalier
», l’un des émaux du blason qui commençait
à figurer les titres de noblesse était le sinople
qui est vert.
Un acte de fondation du prieuré de Crosan (aujourd’hui
Saint Cyr, paroisse de Montmelard (Saône et Loire)) en date
de 1067 nous dit Giraud ou Gerard le Vert ou du Verdier qui a
donné à Crosan la dîme qu’il possédait
à Monnet. Cette dîme qui était une rente noble,
appartenait à l’abbaye de Saint Rigaud dont dépendait
Crosan.
Gérard naquit vers le milieu du XIeme siècle dans
le Brionnais puisqu’il possédait des biens dans les
villages de Poisson, Trevaux…. qu’il donna au monastère
de Marcigny. Il était de noble extraction.
Des son enfance, Gérard vécut la vie de cloître
sous la direction de Saint Hugues. L’école de Cluny
comprenait les enfants offerts par leurs parents et qui devaient
y rester jusqu’à la fin de leurs jours, mais elle
était également ouverte aux jeunes séculiers
qui ne s’estimaient pas appelés à la vie religieuse
; Gérard était de ce nombre.
Rentré dans sa famille, il avait en horreur le libertinage
et se plaisait dans la société des clercs et des
moines.
Il épouse Laurence surnommée Ruffine, mais bientôt
l’un et l’autre renoncent au siècle et revêtent
l’habit de Saint Benoit.
Froé Ruffine, femme de Gérard Leverd entre au monastère
de Marcigny en 1077. Gérard reçoit à son
tour l’habit religieux de la main de Saint Hugues et s’applique
à la pratique des vertus monacales.
La confiance que Saint Hugues témoigne à son religieux
et l’estime qu’il avait pour lui nous explique comment
il fut appelé à l’administration de plusieurs
prieurés. L’abbé de Cluny met en valeur les
vertus du bienheureux Gérard et surtout sa dévotion
envers le sacrement de nos autels.
Gérard fut envoyé au prieuré de Beaumont
sur Grosne. Ce fut dans l’humble chapelle du prieuré
dédié à la Sainte Vierge que Gérard
vit sa foi magnifiquement récompensée en la présence
de notre seigneur sous les espèces sacramentelles (texte
de Pierre le Vénérable). Nous ne savons pas combien
de temps il passa à Beaumont. Comme tout bon religieux
qui avait mérité la confiance et l’estime
de ses supérieurs, il fut appelé à remplir
divers emplois.
En 1105 il fut prieur de Villeneuve puis Perreux (Loire) puis
chambrier ou procurateur de Marcigny.
Gérard que l’obéissance avait souvent conduit
sur tous les chemins du monde, réclamait quelques jours
de solitude et de recueillement. Ses vœux furent exaucés
; il y eut une époque de la vie de Gérard où
il fit sa résidence en un lieu proche de Cluny qui est
appelé Aujoux.
C’est là que dans la compagnie d’un petit nombre
de moines , il se livrait à la prière et s’occupait
d’œuvres saintes avec plus de zèle que jamais
(cf. Livre des miracles). Il s’endormit d’une bienheureuse
mort au prieuré d’Aujoux.
Deux questions restent à résoudre :
- s’agit-il dans la description donnée par l’abbé
de Cluny de notre montagne d’Aujoux ?
- pouvons-nous identifier Saint Gérard et Saint Rigaud
?
L’affirmative nous paraît certaine dans les deux cas.
Il vécut au milieu de nous comme un vaillant soldat qui
a besoin de repos. Il voulut terminer sa carrière dans
la solitude et ses restes mortels reposent encore dans le cimetière
des religieux qui faisait face à l’entrée
de la chapelle.
La mort du prieur ne fit qu'accroître l’affluence
des visiteurs. Le pèlerinage antique eut un motif plus
précis et les foules accoururent au tombeau du Bienheureux.
Plus
tard, le prieuré ayant disparu, la solitude se fit sur
le sommet et les pèlerins s’arrêtèrent
à la source qui coule au nord de l’Ajoux et à
laquelle la tradition a conservé le nom de Saint Rigaud,
c’est là encore aujourd’hui que nous allons
invoquer un saint dont la légende s’est emparé.
Le sommet d’Ajoux n’est plus qu’un lieu d’excursion
et on foule aux pieds ce sol sanctifié par tant de vertus
sans même se demander ce que sont devenus à cette
heure cette chapelle, ce cimetière et cette maison des
moines qui recouvraient les pierres druidiques et les ruines du
temple païen.
Une tradition qui porterait à sourire affirme que l’eau
de la source traverse le corps de Saint Rigaud…
Fin
du Prieuré
Difficile à dire.
Les visites faites entre 1262 et 1333 prouvent que l’état
laissait fort à désirer, les religieux pouvaient
difficilement répondre à leurs obligations. Les
réparations se font avec difficulté et l’hospitalité
reprend son cours, mais pour combien de temps ?
Après la guerre de cent ans, les épidémies
de peste (1346,1347,1348) et le déluge des eaux entraînent
du relâchement.
En 1350 un froid extrême empêche les communications
(les moines moururent de faim) ce qui oblige l’Ordre à
abandonner le couvent.
Pendant le XV siècle, les abbés commanditaires essaient
de réparer le désastre des guerres, de fortifier
l’abbaye et les prieurés les plus importants.
Le prieuré d’Ajoux ne put résister longtemps
, il n’existait plus au moment des guerres de religion (1562)
et n’eut pas à subir les assauts des bandes calvinistes
du baron des Adrets comme à Aigueperse (1572).
Cluny possédait au bourg de Monsols une maison appelée
« Maison des Moines », mais qui anciennement portait
le nom de "Grenier d’Aujoux". L’acte d’asservissage
en fixe l’emplacement . Elle est répertoriée
sur les plans cadastraux de 1750 avec l’inscription «
Maison des Moines ».
En 1565 le sacristain de Cluny, Jean Felix l’avait cédée
sous certaines conditions à Claude Cinquin, laboureur de
Montsoux qui l’a transmis à Anthonin Teillère
puis au frère de celui-ci ,Benoist Teillère aubergiste
de Montsoux. Ce dernier refuse de reconnaître les droits
du sacristain de Cluny, mais il dut s’incliner devant un
arrêt de justice. Le sacristain de Cluny se réservait
une chambre qu’il pouvait occuper pendant quinze jours à
la Saint Martin d’hiver pour y retirer les grains fournis
par la dîme du prieuré d’Aujoux. Anciennement
le prieuré d’Aujoux centralisait lui même les
grains des dîmes dans la maison destinée à
les recevoir pour les répartir ensuite entre l’Abbaye
de Cluny et le prieuré d’Aujoux qui devait subvenir
à l’entretien de ses religieux, aux besoins des pauvres
et des voyageurs.
Les religieux ayant quitté le sommet de la montagne, le
sacristain de Cluny, propriétaire de la maison appartenant
à son prieuré continue de recueillir le rendement
des dîmes, mais la maison est connue désormais sous
le nom de « Maison des moines » et non plus d’Ajoux.
La peste et la famine continuaient d’éprouver les
campagnes et les villes. Pendant le Concile de Constance en 1414,
époque approximative de la disparition du prieuré,
les évêques ordonnèrent un jeune général
et portèrent l’image de Saint Roch en procession
solennelle ; la contagion cessant aussitôt, les évêques,
rentrés dans leur diocèse, recommandèrent
à leur fidèles la dévotion à Saint
Roch.
Bourg de MONSOLS
Depuis
longtemps, les noms de Saint Victor et Saint Courone ne sont plus
fêtés dans le vieux sanctuaire. En 1681, il est sous
le vocable de Saint Loup, célèbre évêque
de Lyon, comme en atteste une visite de la paroisse de Monsols.
Mais on ne devait pas tarder à lui adjoindre un patron
secondaire qui le supplanta à son tour. Saint Gérard,
que les populations nommaient Saint Rigaud.
Le prieuré d’Aujoux avait rempli son rôle charitable
de défricheur et de civilisateur. La disparition de ses
religieux ne devait pas laisser tomber dans l’oubli cette
montagne dont le sommet conserve les restes d’un saint Moine
que les populations aiment encore à invoquer. Après
le départ des religieux, les bâtiments claustraux
abandonnés aux intempéries tombèrent de vétusté.
Il n’en fut probablement pas de même de la chapelle,
le sacristain de l’abbaye de Cluny prit le titre de prieur
d’Ajoux et fit valoir les droits jusqu'à la révolution.
Il passait chaque année une quinzaine de jours au bourg
de Monsols pour lever la dîme, les rentes du monastère
et des biens lui appartenant.
La chapelle construite plus solidement que les bâtiments
fut probablement entretenue soit par Cluny, soit par le curé
et les habitants de Monsols.
Lors de la dernière visite du 8 juin 1750, le curé
de Monsols, Henry de la Fargue dit célébrer la messe
à Aujoux le 16 août fête de Saint Roch et le
27 septembre , jour de la Saint Loup.
Mr Dalivoux qui lui succéda en 1757 continua de célébrer
les deux fêtes du prieuré. Arriva la période
trouble de 1789 , Monsols fut une paroisse éprouvée.
L’antique prieuré dut être bien abandonné,
sinon par les habitants, du moins par le clergé.
Vingt années sans entretien, la date de 1812 est admise
comme celle de l’effondrement total de la chapelle du prieuré
d’Ajoux.
Aujourd’hui il ne reste que quelques monticules de pierres
qui laissent deviner les vestiges du prieuré et de sa chapelle.
Monique
Chassy
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