Patrimoine en Haut-Sornin
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Dictionnaire des lieux-dits en Haut Sornin (1/3)
par Mario Rossi


Ajoux :    [= Atsu]

Saint Igny de Vers

1825 : Anjoux.

Anjoux est certainement une graphie erronée pour Aujoux  la confusion entre n et u est fréquente dans les textes anciens. Sur la carte de Cassini au XVIII° siècle tous les Ajoux sont représentés par la forme Aujoux.

Voir Aujoux.

Ajoux (Bois d'-)    [= bou d'Atsu]

Propières

Voir Ajoux, Aujoux.

Amanzé (Croix d'-)

Ce nom doit sans aucun doute son origine à l'un des membres de la grande famille d'Amanzé, originaire précisément d'Amanzé en Brionnais. Le premier d'Amanzé dont il soit fait mention est Roger d'Amanzé en 1040. Au XIV° siècle les d'Amanzé sont seigneurs de Chauffailles  on peut penser que cette Croix d'Amanzé, située dans la partie sud du Mont Saint Rigaud, est liée à l'histoire de cette famille.

Amanzé, en Brionnais, apparaît dans les Chartes de Cluny en 1022 où il est question d'un don  « in villa amanziaco ». Amanzé dérive en effet du nom d'homme latin Amantius, l'Amoureux, suivi du suffixe domanial acum : Amanziacum désignait la villa gallo-romaine, le domaine agricole d'Amantius.

Andrés (les -)

Azolette

1825 : Aux Andrés.

Nom d'une famille, peut-être d'une frérèche. Au XIV° siècle, à la grande épidémie de la Peste Noire qui a décimé les populations, s'ajoutent les malheurs de la Guerre de Cent Ans. Les campagnes se vident, les terres sont abandonnées aux broussailles, aux brosses. La paix revenue, au début des années 1400, le manque de main d'oeuvre est devenu criant. Les domaines, à la suite de la dépopulation, ont été remembrés et les propriétés s'agrandissent. Dans ces conditions, la famille nucléaire traditionnelle n'avait plus assez de bras pour exploiter une terre devenue trop vaste, qu'il fallait de surcroît défricher. Embaucher des valets n'était pas davantage possible parce qu'on manquait d'argent et que la main d'oeuvre était chère. La solution fut l'exploitation soit par des familles élargies (familiers et domestiques) d'une vingtaine de personnes, soit par des communautés familiales, qu'on appelait les communautés parsonnières ou frérèches. Ces communautés familiales pouvaient compter jusqu'à 40 personnes, parfois jusqu'à 16 ménages. Les membres d'une communauté habitaient le même hameau, dans des habitations séparées, mais prenaient les repas en commun. Le hameau portait évidemment le nom de l'ancêtre qui faisait fonction de paterfamilias. (M.R. 2009, p.169).

Angrullières (Aux -) :     [= les agrolires]

Propières

1825 : Aux Angrullières.

L'ancienne forme devait être Les Agrulières, comme le laissent supposer et la prononciation locale et l'étymologie. On relèvera dans ce nom la racine agrule, variante d'agreule, le houx, (elle-même variante d'agrole), que l'on rencontre dans les parlers du canton de Chauffailles, mais aussi dans le Rhône. Cette racine est construite avec le suffixe collectif ière, dérivé du latin aria. Les Agrulières sont donc les champs ou zones couverts de houx. La forme Agrulières est devenue Angrulières par contamination avec des mots tels qu'engrais. Dans le centre et l'ouest du Brionnais, la forme la plus courante pour désigner le houx  est l'agrot.

L'agrot, l'agreule , l'agrole, sont dérivés, avec des suffixes différents, du latin acrum, piquant, alors que le mot "houx" a une origine germanique (époque francique). L'équivalent d'Angrulières est l'Argolay à St-Germain-en-Brionnais.

Audin

Propières

XV°-XVI° siècles : Odin.

Patronyme qui provient du burgonde Aldini, le Vieux ; attesté dès 741. On entend de nouveau parler de la famille Odin au XVI° siècle : « En 1555, la famille Odin est l'une des plus riches de Propières. Elle est alors représentée par Janin Odin qui est l'un des plus riches et des plus aisés en biens et héritages de la dite paroisse. » (Comby, p.113). La famille Odin a laissé son nom à un pourpris ou domaine enclos, le pourpris Audin, sis au nord-ouest du domaine de Les Condemines dont  « le noble Michel Odin » fut seigneur (Comby, p.113).

Voir Condemines (Les -).

Aujoux

Mont-Saint-Rigaud, Monsols

911 : Aljoc ; 929 ; Alsgoia, Aljosio, Algogio.

En 929 un certain Artaldo et son épouse Ildegarda firent don à Cluny de la chapelle Saint Victor de Alsgoia (= Aujoux) au sommet du Saint Rigaud, avec toutes ses dépendances (terres, courtils, vignes, prés et forêts). Les moines de Cluny créèrent alors en ce lieu un prieuré, le prieuré d'Aujoux, qui se maintint jusqu'au début du XV° siècle. Plus tard, à une date inconnue, le culte à Saint Victor fut abandonné : sur les instances du curé de Monsols et des évêques d'Autun et Mâcon, la chapelle fut consacrée à Saint Loup (Sur l'origine du culte à Saint Loup, voir Rossi Mario 2013).

Aujoux et sa variante récente Ajoux contiennent la racine latine jugum qui désignait le joug et qui, par analogie, a pris le sens de sommet d'une montagne comme Joux dans Saint-Bonnet-de-Joux. Jugum dérive d'une ancienne racine indo-européenne que l'on retrouve en gaulois avec la même signification. Aujoux et Ajoux dérivent plus précisément de ad+jugum, vers le sommet, comme si on disait aujourd'hui en patois chi tsu. Il est très intéressant de noter que les formes anciennes d'Aujoux, qui paraissent fantaisistes (910: Aljoc; 929: Algogio), contiennent encore au X° siècle des restes de la racine jugum: -joc, -gog-. Ce qui veut dire qu'on avait encore au début du X° siècle la mémoire de la racine de ce nom, alors que g entre voyelles avait déjà disparu depuis longtemps. Étant donné que ces sommets montagneux étaient généralement boisés, l'étymologie populaire a fait d'Aujoux une hauteur boisée, voire une forêt ; d'ailleurs autour de la Croix d'Ajoux, jadis Croix d'Aujoux, sur la commune de Propières, s'étend le Bois d'Ajoux.

Azole

Propières

Ce nom apparaît dans une charte de Cluny datée de 993 : un certain Richard fait don à Cluny de deux manses dont l'un est sis dans une villa nommée Asolas : « ...in villa quae vocatur Asolas... » (C.2189). Ce nom latinisé laisse supposer que l'ancienne forme était Azoles. Comme le précise cette charte, "Azoles" était donc une villa, c'est-à-dire un domaine ou une partie d'un domaine agricole de l'époque gallo-romaine. Plus tard, à l'époque francique, notamment sous les Carolingiens aux VIII-IX° siècles, les puissants, l'Église et les monastères s'enrichissent de donations diverses en récompense des services rendus ; se créent alors les Domaines. Un domaine est constitué de deux parties : l'une qui est réservée au Maître, on ne dit pas encore le seigneur, c'est la réserve sur laquelle travaillent les esclaves. L'autre partie est formée de propriétés appelées villas selon la mode gallo-romaine  la référence à ces villas est constante dans les chartes des VIII° et IX° siècles. Mais la villa n'est plus la villa gallo-romaine : ce sont désormais des parties du domaine dont les habitations sont souvent celles des anciennes villas gallo-romaines. Ce sont ces villas qui donneront naissance, un siècle plus tard aux villages, aux bourgs et aux paroisses. La villa elle-même est dirigée par un intendant. Elle est subdivisée en petits domaines, des manses de plusieurs hectares, sur lesquels travaillent des paysans libres, parfois des esclaves en voie d'affranchissement.

Notre villa Azolas n'a pas conservé son nom gallo-romain, on peut donc avec une quasi-certitude la faire remonter, avec son nom actuel, aux VIII°-IX° siècles° siècles. Au XVII° siècle, on rencontre la forme Adoule qui est certainement la transcription d'une prononciation "Adzoule". L'origine de la forme Azole est expliquée ci-dessous.

Voir Azolette.

Azolette

Commune

1121 : En Azolettes.

Comme le confirment A.M. Vurpas et C.Michel, ce nom est dérivé d'une racine préceltique as relative à l'eau. On doit ajouter que cette racine as est apparentée à ausa, racine méditerranéenne préceltique, désignant la source, qui a laissé des toponymes sur tout le bassin méditerranéen (Croatie, Italie, Espagne, France). En Italie, on a par exemple les rivières Auser (Toscane), Ausa (Rimini), etc.  en France, cette racine et sa variante as donnent leur nom : à des cours d'eau comme l'Oze en Auxois, et à des sites près de cours d'eau, comme Oze au nord de Sisteron, et Ozolles, Azole, Azolette dans notre région, etc... Azole et Azolette sont situées effectivement à proximité d'un cours d'eau, le ruisseau l'Oiselière, dont le nom premier devait être Azolière dérivé de la racine relative à l'eau qui est à l'origine d'Azole et d'Azolette. La forme seconde Oiselière a certainement une relation avec le patronyme Oyselier cité dans un acte notarié de 1494 à Propières (Comby, p.75).

Les noms Ozolles, Azole et Azolette, contrairement à Oze, sont construits avec un premier suffixe ol à valeur diminutive, parce que ces localités sont situées à proximité de simples ruisseaux : l'Ozolette, affluent de l'Arconce, près d'Ozolles et l'Oiselière (sans doute anciennement l'Azolière) près d'Azole et d'Azolette. L'Oze, en revanche, désigne un cours d'eau important et Oze une localité à proximité de sources renommées d'affluents de la Durance.

Le nom Azolette, comme Ozolette, est muni d'un second suffixe diminutif ett. Pourquoi ? Ozolette est un dérivé, il doit son nom à Ozolles. On peut donc penser que l'appellatif Azolette est également un dérivé du nom Azole. Effectivement la localité dont le nom premier était Azoles précède historiquement Azolettes d'au moins quatre siècles (voir Azole). Il n'est fait mention d'Azolettes qu'à partir du XII° siècle. Le second suffixe d'Azolette n'a pas ici valeur diminutive, il traduit simplement une dérivation à valeur distinctive comme Ozolette dérivée d'Ozolles. Azolette n'est donc pas la petite Azole, mais la seconde Azole, l'autre Azole. Une dernière question : Pourquoi le pluriel dans Ozolles et les formes anciennes Azoles et Azolettes ? Vraisemblablement parce que ces noms ont désigné primitivement des Terres à proximité de l'eau.

Voir Azole, Oiselière, Oiseliers.

Barbette (La -)

Propières

Lieu-dit situé à l'ouest de Les Condemines, entre Théodon et Les Croux. Ce nom rappelle le lieu-dit La Barbière à Curbigny. La Barbière et Barbette sont des variantes locales des formes Bourbière et Bourbette, dérivées du gaulois borua, la source boueuse, qui a donné son nom à Bourbon. Ces variantes sont apparentées au dialectal barboyou, sale, crasseux. La Barbette est donc un lieu boueux  la forme diminutive indique qu'il s'agit soit d'un lieu de faible étendue, soit d'un lieu peu marécageux. Sur le cadastre de 1825, La Barbette était le nom donné à un pré qui s'étendait jusqu'au ruisseau et à un plan d'eau en face de Théodon; on voit aujourd'hui que la partie basse de ce pré, qui faisait alors partie de La Barbette, est recouvert d'une végétation typique de prés humides ou marécageux ; c'est de là sans aucun doute que La Barbette tire son nom.

Berrades (Les -)

Azolette

Attestée dans le cadastre de 1825, cette forme est une évolution de l'ancien nom Bérardes que l'on rencontre en Brionnais sur la commune de Montceaux l'Étoile. Il s'agit des terres appartenant à un sieur Bérard, peut-être le Bérard fondateur de la maison de Beaujeu. Ce patronyme très fréquent est d'origine germanique : il dérive de Berhardus qui signifie fort (= hardus) comme l'ours (= Ber).

Berthelier (Le -) :    [chi breteli]

Propières

1825 : Berthelier.

Dérivé du nom francique Bert, l'Illustre, attesté dans les chartes de Cluny dès 975 sous la forme Bertelus. Nom d'une vieille famille de Propières qui a laissé son nom à cet ancien manse-pourpris. Ce nom apparaît dans les registres de Propières en 1574 (Comby, p.108-9).

Biraude (La -)

Propières

Il existe un nom propre gaulois Birrus, Le Courtaud, dérivé de l'adjectif birros, court, petit. La Biraude aurait alors été soit un petit domaine, soit la propriété agricole d'un certain Birrus.

Bois Botton

Propières

On rencontre déjà ce nom dans l'ancienne forme de Bois Bouton à Oyé et à Saint Christophe-en-Brionnais. Voici l'explication que j'ai donnée de ce nom (M.R. 2009, p.239) : « XVIII° : Bois Bothon. Le mot Bois est suivi du nom du propriétaire d'origine francique : Botto, le messager. Ce patronyme devrait précéder le nom déterminé, comme cela est normal dans les langues germaniques. Il s'agit donc d'une création tardive par les populations romanes (IX-X° siècles)  on remarquera que le nom se termine par le suffixe on qui, en germanique, est la marque du complément, marque qui a été utilisée durant le Moyen Âge jusqu'au XIII° siècle : Bois Bothon est le bois de Botto. ». Cette explication vaut également si ce bois tire son nom du hameau voisin Le Botton qui est lui-même dérivé du nom francique Botto, le messager, selon les modalités spécifiées ci-dessus  Le Botton laisse supposer en effet la construction première : Le Domaine (de) Botto. Les Botton dont il est fait mention à Propières au XVI° siècle sont vraisemblablement des descendants de ce Botto.

Bois (les -) :    |les bous]

Propières

1825 : Hameau des Bois.

Le mot bois nous a été légué par les Francs sous la forme bosk (en italien bosco a été légué par les Lombards, autre peuple germanique). La forme Bois contient la diphtongue oi qui est française et non dialectale. Nos dialectes ont conservé jusqu'à une date récente la voyelle originelle  o ; anciennement, le bos était la forme la plus répandue dans toute la Bourgogne. Selon Taverdet (1980, p.103) la prononciation bou serait une évolution récente de bos en particulier au sud de Mâcon et au sud-est de Matour. En Brionnais la forme la plus fréquente bos voisine avec la variante bou que l'on rencontre également à Propières. Outre ces formes on relèvera  la prononciation beû, d'origine franco-provençale, en Charolais du sud (à Matour par exemple) et plus anciennement en Brionnais de l'est. Ce beû a laissé des traces en toponymie : par exemple sur la N7 entre Vienne et Valence dans le Col du Grand Bœuf : ce Bœuf est une interprétation populaire d'un ancien Beû, le Bois  ce Col est donc en réalité le Col du Grand Bois !

Bois de la Farge

Propières

Voir Farge.

Bois de la Fée (Le -)

Propières

1825 : Bois de la Fée.

Fée est une réinterprétation de La Fay, la forêt de hêtres ou hêtraie à une époque où l'on n'a plus compris la signification du mot Fay. La Fay dérive du latin fagus, le hêtre, dont la forme romane la plus ancienne est le fou ou fau, construit avec le suffixe collectif de plantation etum : fag+etum => fay. Ce type de réinterprétation est assez courant ; on le rencontre par exemple à Montmélard dans La Combe de la Fée qui est en réalité La Combe de la Fay, la combe de la hêtraie. A Varennes-sous-Dun, à propos des Roches Fayette, Les roches de la petite hêtraie, il existe, comme ici, une étymologie populaire qui fait de ce nom un diminutif de fée et qui est à l'origine de délicieux contes.

Bois des Écluses

Propières

Nom tardif  au XIX° siècle Bois des Écluses était Bois de la Farge (Jacques Chassy); il n'est en effet pas mentionné sur le cadastre de 1825 où seul le Bois de la Farges apparaît dans cette zone. Il est situé à l'extrémité nord-est de la commune de Propières, entre le sommet du Mont-Saint-Rigaud et le Bois de la Farge actuel dont il est séparé par le Vallon du Sornin.

L'écluse, dont la forme ancienne du XIII° siècle est escluse, est liée à l'invention du moulin à eau  on peut donc penser que des  moulins à eau existaient là près de la source du Sornin. L'escluse désignait la digue du canal d'un moulin. Effectivement avant l'usage de la machine à vapeur, ces moulins à eau, nombreux dans cette zone, actionnaient les « sarroirs » (scies) des « desservoirs » ou scieries (voir Les moulins à eau en Haut Sornin dans Patrimoine en Haut Sornin, Histoire contemporaine).

Bois Meunier    [bou mouni]

Propières

Bois Meunier s'étend au sud de la Madone de Verbin. Meunier est le nom d'un ancien propriétaire. L'étymologie de ce fréquent patronyme ne pose aucun problème : ce nom dérive du latin molinarium, celui qui fait tourner la meule ou pierre meulière  la première forme régulière dérivée de ce molinarium fut molnier que l'on rencontre encore à la fin du XII° siècle. Meunier est une réfection plus tardive de molnier sous l'influence de meule. Il est intéressant de noter que nos dialectes ont conservé la forme première molnier dont l'évolution vers mouni est tout à fait régulière !

Bornes (Les -)

Propières

Les Bornes désignent un lieu-dit, relevé sur le cadastre de 1825 et situé près de Le Mort. Les Bornes est une appellation relativement récente empruntée au français  cette appellation a dû remplacer Les Garants qui, dans nos parlers locaux, désignent les bornes limites, les témoins des limites d'une propriété.

Botton (Le -)

Propières

1825 : Village Botton.

Hameau de Propières qui dépendait jadis de la seigneurie de Belleroche (Comby, p.114).

Voir Bois Botton.

Bourdonnière (La -)    [la bordonire]

Propières

1825 : La Bordonnière.

La Bourdonnière est un dérivé de bourdon  le bourdon est le mulet engendré par un cheval et une ânesse  La Bourdonnière semble donc avoir été un ancien élevage de mulets  avec la même origine on trouve à Baudemont le Pré de la Bourdonne.

La Bourdonnière pourrait être la terre de la famille Bourdon  mais aucun Bourdon dans le passé à Propières, aucun Bourdon aujourd'hui dans les communes de la région de Propières, bien que ce patronyme soit fréquent dans le Rhône.

Bressant (Le -)

Azolette

1825 : Bressand.

Le Bressant a pu désigner un habitant originaire de Bresse. Plus vraisemblablement, ce nom dérive d'un mot francique brekka qui a abouti à brèche en français. Le Bressand serait alors, comme Le Bressy à Ligny-en-Brionnais, ce qui reste d'une forêt abattue dans laquelle on a opéré une « brèche ». C'est la même signification que celle de La Bresse qui était une grande forêt défrichée, comme le confirme son nom du X° siècle.

Briday (Le -)        [chi berdà]

Propières

1825 : Au Bridet.

Domaine de la famille Bridet. Le nom de cette famille apparaît dans les registres de Propières au XVI° siècle. Le gaulois possède un mot briva qui désigne le pont. De ce briva est dérivé le patronyme fréquent Brivet. Mais le gaulois connaît également le composé brivatis, celui qui habite(-atis) près du pont (briva). Ce mot gaulois brivatis est à l'origine de Brides-les-bains en Savoie. A ce brivatis a été ajoutée assez tardivement une terminaison (-et) à valeur diminutive, d'où le résultat Bridet : Bridet est ‘celui qui habite près du petit pont’.

Brossard

Propières

Lieu-dit situé immédiatement au nord du village Le Berthelier. Dérivé de Brosses  le suffixe germanique -ard désigne quelqu'un de rude, d'intrépide. Brossard semble être un patronyme au même titre que Desbrosses, l'habitant des Brosses  Brossard aurait désigné un homme rude habitant Les Brosses. Brossard est par ailleurs un patronyme très fréquent  un certain Jean Brossard, habitant de Propières  est cité dans les archives notariales du 26 octobre 1469 (Comby, p.74). C'est la famille de ce Jean Brossard qui semble avoir donné son nom à ce lieu-dit, famille dont le nom n'apparaît plus à Propières après le XV° siècle.

Voir Brosses.

Brosses

Propières

1825 : Chez les Brosses.

Ce terme est très fréquent, y compris dans l'ensemble de la Bourgogne. On en relève 96 en Bourgogne (A.Déléage). C'est un terme du latin populaire bruscia, avec le sens d'épineux, issu du latin broccum qui désignait les dents saillantes d'un animal sauvage. Ce terme a donc pu être utilisé dès les premiers siècles après J.C pour désigner les friches couvertes de broussailles et d'épineux. Mais ce mot a été usité même tardivement au Moyen Age pour nommer des lieux incultes. On ne peut donc rien dire sur l'ancienneté des lieux-dits Les Brosses. Il est possible toutefois d'identifier les grandes périodes au cours desquelles les terres de culture sont retournées en friche, sont devenues des brosses, et où le terme Brosse a pu nommer alors ces lieux-dits : (i) A la fin de l'Empire romain au moment des invasions dites barbares qui vit la destruction des domaines gallo-romains prospères (IV-V° siècles). (ii) Pendant la période mérovingienne (VI-VII° siècles) et à la fin de l'empire de Charlemagne (IX-X° siècles). (iii) Au Bas Moyen Age (XIV°) à l'époque de la peste noire et de la guerre de Cent ans.

Broussaille (La -)

Propières

Ce lieu-dit situé au nord du Bois d'Aujoux est dérivé de Brosse  francisation relativement récente d'un ancien Brossillons que l'on retrouve aujourd'hui encore à Saint-Igny-de-Roche.

Voir Brosses.

Brûlées (Les -)

Propières

1751 : Le Bruley.

Les Brûlées sont situées au nord de Bois Botton. Ce nom est le souvenir de défrichements par le feu. Ce nom de lieu-dit, très fréquent dans toute notre région, s'est développé à partir de la fin du XV° siècle, après la triste période de la peste noire et de la Guerre de Cent Ans  les défrichements par le feu, en particulier, permettaient de lutter plus rapidement contre l'invasion des brosses et autres broussailles. Plus tard, au XVIII° siècle, on parvenait à fertiliser les terres à bruyère en pratiquant le brûlis.

L'appellatif Les Brûlées s'est développé aux côtés d'ancien noms dérivés du latin ardere, brûler, tels Arcy, Recy, Ressy, etc., créés au X° siècle à une époque de renaissance de l'agriculture qui prépare ce qu'on a appelé le Beau Moyen Age (J.Le Goff).

Bruyères (les -)

Propières

1825 : Sur les Bruyères.

Ce nom, dans notre région, est très fréquent, en particulier en Brionnais de l'est ; il n'est donc pas étonnant de le retrouver à Propières, Saint-Igny-de-Vers, Aigueperse, Anglure, etc. Ce nom dérive du latin tardif brucaria, le champ de bruyères, lui-même issu du gallo-roman bruca. De ce brucaria sont dérivés les noms dialectaux du plant de bruyère : la brire, la brure et les noms de lieux-dits du Brionnais Brières, Briéton, Briaille qui désignent le champ de bruyère. On rencontre encore une ancienne forme de la bruyère dans le Bois Bruscail près de Les Jolivets, sur la commune d'Ajoux. Le nom Les Bruyères est une francisation récente de Brières que l'on rencontre par exemple à Avrilly et Chambilly.


Cadoles (Les -)

Azolette

1825 : Aux Cadoles.

Cadole dérive du latin populaire catabola, mot d'origine grecque qui désigne l'action de tomber  on comprend dès lors le sens dérivé de maison en ruines, cabane. Ce mot est venu de Provence par le Lyonnais-Forez. A partir des années 900, les cadoles désignaient les masures des paysans les plus pauvres que le maître installait sur ce qu'on appelait les quarts de manse en contrepartie du travail qu'ils fournissaient sur sa réserve. Ce terme continue d'ailleurs à désigner, dans les parlers locaux, une ferme en ruines, une masure. Dans notre région, en particulier en Mâconnais et en Charolais, la cadole est également une cabane de pierres sèches dans les vignes.

Voir Gardette.

Cadolles (Les -)

Propières

1825. Aux Cadoles.

Voir Cadoles, Gardette.

Carrie (Le -)

Propières

1825 : Carrie.

Comme Le Carré (Artaix), Le Carron (Oyé), Carruge (Matour), Le Carrouge (Amanzé, Gibles, Oyé), Les Carges (Beaubery, Briant) et les nombreux Quart(s), Le Carrie est dérivé du latin quadrum, le Carré  les noms issus de ce quadrum peuvent soit faire allusion à la forme carrée du domaine, soit désigner un carrefour. La très grande majorité des dérivés ci-dessus désignent des carrefours  aucun doute non plus sur la signification de Le Carrie, qui se trouve à un carrefour.

Champ Cru

Azolette

Cru a ici la même signification que dans le Bois de Cru à Vareilles. Il a la même origine que celle de Creux, Crot, Croux. Le Cru suppose la racine préceltique *croso, le ravin, le trou ; il qualifie ici un champ creux, en forme de cuvette, ou un champ en pente vers une partie basse.

Cru conserve l'ancienne prononciation du mot actuel creux. On disait jadis cru au lieu de creux dans la prononciation locale. Cru a été remplacé par le français creux pour éviter la confusion avec cru, le contraire de cuit. Cru connaît une autre forme dialectale dans les lieux-dits : Les Croux. Voir Les Croux.

Champ Contrée

Azolette

Ce lieu-dit se situe à l'est du bourg d'Azolette, au-dessous du Haut de Ruère, près du Domaine Nivières (cadastre 1825) aujourd'hui Les Nivières. La contrée était un terme utilisé dans le domaine des Eaux et Forêts, notamment aux XVII°-XVIII° siècles, pour désigner un lieu destiné au pâturage  à cette époque de régénération de la forêt et de développement du bocage, on permettait le pacage sur des parcelles protégées par des haies ou suizons, afin d'éviter que le bétail ne porte atteinte à l'intégrité de la forêt. Le Champ Contrée devait être un de ces terrains assignés aux usagers pour le pâturage.

Chapelle (La -)

Propières

1825 : Croix de la Chapelle.

Située au sud-est du bourg, entre le bourg et Les Bois. Il ne reste plus rien de cette chapelle, sauf une croix. Il ne peut pas s'agir de la capella ad rocam, la chapelle près de la roche, où un certain Richard en 993 fait don à Cluny d'un manse. Comme le dit justement l'abbé Comby (p.18), cette rocam n'est autre que l'actuelle Belleroche. En effet l'habitude d'ajouter un adjectif au nom de lieu se répand plus tardivement  ainsi Belleroche est nommée Bella Rochi en 1188.

Chatillon

Azolette

Ce nom est un diminutif de château. Deux hypothèses : soit Chatillon fait référence à la présence en ce lieu d'un petit château, sorte de « maison forte », soit il s'agit du patronyme d'une famille qui fut jadis propriétaire des lieux.

Chaumont (Le -)

Azolette

Chaumont, que l'on rencontre en plusieurs lieux, par exemple à Oyé, ne réfère pas forcément à une montagne  la graphie actuelle est une interprétation populaire ou savante d'un « chaumon » qui désignait « une chaume ». Chaumont est effectivement dérivé de chaume, lui-même issu du latin populaire calmis, d'origine préceltique, qui était un pâturage de plateaux incultes, une lande désertique. Dans notre région, les chaumes sont des landes recouvertes d'une pauvre végétation liée à la nature du sol, le genêt sur les sols acides, le buis sur les sols calcaires. Le village Le Chaumont est ainsi construit sur une ancienne chaume qui fut une lande désertique.

Voir Echarmaux.

Chirette (La -)

Propières

Chirette est un dérivé de la racine préceltique cara ; au IX° siècle, cara évolue pour aboutir à Chère ; de ce Chère sont dérivés entre autres le diminutif Chirette et l'adjectif chirouse qui a donné son nom à un lieu-dit de Montceaux-l'Étoile. Nos  ancêtres de la Préhistoire utilisaient ce mot cara pour désigner la pierre, généralement la pierre calcaire. Aussi retrouve-t-on cette racine dans la plupart des pays de l'Europe du sud, ainsi dans La Crau, Les Carpates, etc... En Brionnais cette racine cara a fourni beaucoup de dérivés, en particulier les nombreux Crays. Ces Crays, très fréquents dans le Brionnais de l'ouest marno-calcaire, désignent des lieux rocheux ou pierreux. En Brionnais de l'est, région granitique, on ne trouve aucun dérivé de cara dans les lieux-dits. Comment se fait-il alors que l'on trouve ce Chirette ici, dans une région plutôt granitique ? Bruno Rousselle nous dit dans Patrimoine du Haut Sornin que la partie du Haut Sornin schisteuse au nord de Propières est traversée de filons granitiques, mais aussi de résurgences calcaires, dépôts sédimentaires d'organismes marins, notamment autour de Le Briday. La Chirette se situe précisément sur cette poche calcaire près de Le Briday.

Col de Patoux

Propières

Tout le monde connaît dans nos régions la patouille, la vase. Patoux a la même origine que cette patouille qui remonte loin dans le temps puisqu'on la retrouve dans le verbe patoillier qui, au XIII° siècle, signifiait patauger dans la boue. Ces mots sont formés sur la racine patt qui est une onomatopée évoquant le bruit de deux objets qui s'entrechoquent, ici le bruit de la chaussure contre la boue.  Patoux est un lieu bourbeux, ce qui paraît étonnant pour un col situé à 910 m. Pas si étonnant que cela ! Le lieu bourbeux s'explique fort bien en ce lieu où prennent leur source et le Sornin et l'Azergues.

Voir Sagnauds (Les -).

Colombières (Les -)

Propières

1825 : Colombière.

Situé au sud du village Vermorel, près des Fonds Carrés, ce lieu-dit rappelle simplement la présence ici de colombiers ou pigeonniers. Ce nom est dérivé du latin columbarium, le pigeonnier. Les nombreux noms de lieux qui portent ce nom témoignent de la présence d'une ancienne seigneurie ou d'un ancien château, car l'élevage des colombes et pigeons était réservé aux nobles.

Voir Fonds Carrés.

Combe (La -)

Propières

La Combe, près de La Farge, provient du gaulois cumba, qui désigne le creux, la vallée escarpée. Cumba est entré dans la langue et dans les lieux-dits pour désigner un vallonnement moins encaissé que le Creux et moins vaste que la vallée. Il est intéressant de remarquer que tous les lieux-dits Combes sont situés dans la zone granitique du Brionnais de l'est, jusqu'à Propières et au-delà, alors qu'en Brionnais de l'ouest dominent les dérivés du latin vallem, la vallée. Cette répartition est liée à la configuration géologique différente de ces deux zones, granitique d'un côté et marno-calcaire de l'autre, qui induisent des types de vallonnements différents. La géologie du Haut-Sornin est apparentée à la zone granitique du Brionnais de l'est qui provient d'une résurgence des roches primaires à l'époque du plissement alpin.

Condemines (les -)    [les condemaines]

Propières

889 : condemina.

Condemine est un dérivé du latin tardif condominium, terme de droit médiéval qui désignait une terre proche du château, réservée au seigneur et exempte de droits. La condemine, souvent confondue avec la couture, terre de bonne qualité appartenant au seigneur, est une pièce de terre relativement vaste cultivée par le personnel de la curtis, c'est-à-dire du centre domanial.

Correux (les -)

Propières

1825 : Correux.

Situés entre Azole et La Molière. Les Correux désignaient les coudriers ; dans les parlers locaux le coudre est le coudrier ou noisetier. Ce nom est dérivé du latin tardif colurus, le noisetier  en Brionnais on trouve les formes apparentées Coraud et Corot. Ce nom est en concurrence avec Les Alloings à Saint-Igny-de Vers : Les Alloings dérivent du latin, par l'intermédiaire du franco-provençal  l'origine est le latin abellanea qui désignait la noisette d'Abella, ville de Campanie au sud de Naples connue pour la qualité de ses noisettes. Ce nom aboutit à aleûgne dans les parlers locaux et alogne en Brionnais pour désigner la noisette.

Côtes (Les -)        [les coûtes]

Propières, Saint-Igny-de-Vers

Lieu-dit situé au sud de Botton. Nom fréquent pour désigner des coteaux ou les pentes abruptes.

Croix d'Ajoux (La -)

Propières

1645 : La Croix d'Aujoux. Voir Ajoux, Aujoux.

Cros (Le -)

Azolette, Saint-Germain-la-Montagne

Ce nom très fréquent dans les lieux-dits ne désigne pas forcément le crot, c'est-à-dire la mare, mais le plus souvent un vallon ou un terrain en forme de cuvette. A Propières en effet et dans les parlers de la région, à Saint-Igny-de-Vers par exemple, la mare est la sarve.

Voir Croux.

Croix d'Amanzé

Monsols

Voir Amanzé.

Croux (Les -)

Propières

1825 : Aux Croux.

Croux est une variante locale de crot ou cros. Avant de prendre la signification de mare, le crot désignait simplement le creux. Les Croux ici font référence à un terrain en forme de cuvette ou à la pente qui va vers le creux.

Voir Champ Cru, Cros.

Cul du Loup (Le -)

Propières

1825 : Village du Cul du Loup.

Situé entre Botton et Bois Botton. Le nom du loup est fréquent dans les lieux-dits de notre région et d'ailleurs, il est révélateur d'une époque où cet animal était partout présent. Le Cul du Loup est une belle métaphore pour désigner le fond d'un ravin ou simplement un fond de vallée. Marcel Lachiver, dans son Dictionnaire du monde rural, cite un Cul de loup avec la signification de hutte de branchages, en Sologne  il ne s'agit pas d'un lieu-dit, mais d'une expression des parlers solognots, synonyme de La Loge dans notre région.

 

dernière m.a.j. : 30.12.22