Patrimoine en Haut-Sornin
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L’école à Propières de 1880 à 1904 (suite)

Le débat autour de la création des nouvelles classes

A l’école des filles. Cette école était installée dans l’immeuble accueillant aujourd’hui les personnes âgées. Il appartenait à la congrégation des sœurs St Charles. Madame PERRIER voulait installer la troisième classe au deuxième étage, ce que l’inspecteur d’Académie refusa parce que le plafond n’y était pas assez haut. Les normes en vigueur à cette époque définissaient en effet un volume d’air dans la salle de classe de 4 ou 5 mètres cubes par élève. Finalement, la classe de madame MONTAGNE fut installée au deuxième étage, en lieu et place d’un dortoir. La norme volumique ne fut toutefois pas respectée puisque les salles dédiées à l’accueil des élèves comptaient 96 places théoriques, alors que le nombre des élèves était de 120.

A l’école des garçons. L’école était installée dans un local municipal situé presque en face de l’école des filles. C’est dès 1885 que la demande d’ouverture d’une troisième classe fut formulée par le maire Berthelier Philibert. L’école comptait 131 élèves de 5 à 13 ans et 19 élèves de plus de 13 ans. Il proposa de partager une salle du rez-de-chaussée qui mesurait 66 mètres carrés, et une hauteur de 2,80 mètres, en deux par une cloison, ce que l’inspecteur mit longtemps à accepter. Le 4 janvier 1886, il accepta toutefois la création de la nouvelle classe, demandée par le Conseil Départemental et par le député de Quincié, Louis MILLION, et mit en demeure le maire de Propières de mettre à l’étude la création d’une nouvelle maison d’école. Notons que là encore la norme volumique d’air n’est pas respectée, ce qui amena l’inspecteur à effectuer plusieurs rapports concernant l’école notant « qu’elle est mal installée, que la cour est trop petite, qu’il n’y a pas de préau et qu’il y a un jardin de 66 mètres carrés ». A chaque fois le maire répondit qu’un changement de local était à l’étude.

Les cours pour les adultes

Dès 1881, le directeur de l’école de Propières fut autorisé à ouvrir, en plus de sa charge avec les enfants, un cours pour adultes. Il s’agissait d’une initiative demandée par le ministre J. FERRY afin d’apprendre à lire aux adultes illettrés ou qui souhaitaient se perfectionner. Pour chaque adulte devenu lecteur, l’enseignant touchait 25 francs. Mais en quelques années, les volontaires analphabètes furent de moins en moins nombreux, et les enseignants furent chargés de continuer leur action en faisant des conférences destinées aux familles volontaires. Il n’y eut donc plus de versement d’argent pour cette action, mais deux semaines de vacances supplémentaires furent accordées aux communes où se tenaient des conférences, et des dons de livres furent effectués. Les vacances ordinaires duraient du 10 août au 30 septembre. Voici le rapport qui a été fait des conférences qui se sont déroulées pendant l’automne 1896 :

Une conférence a eu lieu dans l’école des garçons le dimanche 20 courant à 6h du soir. Deux sujets étaient traités :

• La prise d’Alger et la conquête de l’Algérie. Ce sujet a été fort bien traité par M. Filaine, avec l’aide de la carte d’Algérie.
• Conseils hygiéniques aux habitants de la campagne, propreté, aliments et boissons.

M Pouly a traité lui-même cette dernière partie.
La salle était comble, même trop petite pour recevoir plus de 200 personnes venues pour assister et qui a été suivie comme la première, de vues à projections lumineuses.

Le mercredi 23 courant, à 7 h du soir, M l’instituteur a fait une nouvelle conférence dans une salle de l’usine Lagarde, située sur les limites des communes de Propières et de St Igny. Tous les ouvriers, au nombre de 300 y assistaient. Le sujet était « l’ouvrier autrefois et aujourd’hui »
Puis sur la demande de presque l’unanimité des ouvrières présentes, les principaux traits de la vie de Jeanne d’Arc ont été retracés. La conférence s’est achevée par l’exposition des vues à projections lumineuses, dont le nombre s’élève à près de 100 actuellement
Tous les assistants se sont retirés satisfaits de cette bonne soirée en demandant qu’une nouvelle conférence ait lieu sous peu..

Le 10 janvier nouvelle conférence aux hommes seulement sur le sujet « Condition des paysans avant 1789 » 40 pères de famille étaient présents, les autres ayant été retenus par la pluie.

Le 21 mars 300 personnes à 6h du soir dans une des salles de l’école de garçons. Vues lumineuses, chants patriotiques scolaires, poèmes dits par les élèves. Fin à 20h.

L’école payante puis gratuite

La loi sur l’école obligatoire entraine la gratuité et la rétribution est donc supprimée le 16 juillet 1881.

Le rôle de la municipalité

En 1882, afin de faire respecter l’obligation scolaire, une commission scolaire fut créée, chargée de dresser la liste des élèves de la commune

Une caisse des écoles fut également créée qui permettait d’orienter les dépenses de la commune en matière d’éducation.

L’enseignement

La loi de 1882 fixe le contenu des enseignements :

Art 1° : l’enseignement comprend l’instruction civique et morale, la lecture et l’écriture, la langue française et la littérature, la géographie et l’histoire de la France, des éléments de sciences naturelles, physiques et mathématiques, et leurs applications à l‘agriculture, à l’hygiène, aux arts industriels et usages des différents métiers, des éléments du dessin du modelage et de la musique, la gymnastique. Pour les filles travaux d’aiguille, et pour les garçons exercices militaires, et notamment pour les cours moyens élèves de plus de 10 ans, exercice de tir à 10 mètres à la carabine 6 mm Flobert.

Art 4° L’instruction primaire est obligatoire pour les enfants des deux sexes, de six ans révolus à treize ans révolus.

Art 6 Il est institué un certificat d’études primaires. C’était un examen assez difficile pour l’époque.

Voici les sujets du certificat de 1895, canton de Monsols
Orthographe : Avec un peu de soin et de goût on peut donner un aspect riant aux plus humbles demeures. Un lierre tapissant les murs exposés au nord, une vigne au midi, des arbres et quelques fleurs à l’entrée forment un ensemble attrayant qui nous rend le chez nous agréable et cher.
Chez nous ! Que de choses dans ces deux mots ; chez nous, cela comprend la maison solide et sûre où nous sommes les maîtres, où nul n’entre sans notre permission ; les meubles, les ustensiles, tout ce qui garnit et embellit la demeure.
Cela comprend aussi les hôtes du foyer qui ont avec nous une vie commune et à qui nous rattachent le respect, le devoir et l’affection. Chez nous, toute notre vie est résumée dans ces mots : peines, plaisirs, espérance.
Arithmétique : J’ai dans mon grenier un tas de blé dé 2m. 50cent de long sur 4 mètres de large et 1m.50cent. de hauteur.
1- Cherchez combien de sacs de 150 litres on pourrait en faire la valeur de ce blé à raison de 24fr l’hectolitre.
2- Quelle est la plus grande et la plus petite des trois fractions 3/5, 7/9, 5/7 ? Démontrer
Rédaction : Parmi les leçons de morale faites dans votre classe, choisissez en une parmi celles qui vous ont le plus intéressé et dites ce que vous en avez retenu.

En plus des enseignements prévus par les programmes officiels, l’accent est mis sur la prévention de l’alcoolisme (fig.) et sur l’intérêt de la vaccination, technique récemment développée par Louis Pasteur.


Bibliographie
Sources : bulletin départemental de l’éducation
Archives municipales : T33, 1T5372

 

 

dernière m.a.j. : 30.12.22